quarta-feira, 16 de junho de 2021

LIVRO DE POEMAS. VOZES EM LUTA. Poemas para vencer a solidão.


 

LA GEOPOÉTIQUE URBAINE DE MONTRÉAL DANS LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE



 

quarta-feira, 31 de março de 2021

JOURNÉES DE LA LANGUE FRANÇAISE 2021



 



LIVES SEMIÓTICA


 



sexta-feira, 31 de julho de 2020

LE RETOUR DU FLÂNEUR- LA BAIE DE TOUS LES RÊVES

La baie de tous les rêves

par Licia Soares de Souza

licia-final

La Covid-19 m’a prise au dépourvu, après plusieurs journées dans les rues des carnavals de Bahia et de Rio de Janeiro. La première image que j’ai retenue de cet exil intérieur insolite a été celle d’une baie ronde et bleue contemplée par l’embrasure carrée d’une fenêtre.  J’ai toujours aimé prendre des photos de l’intérieur des monuments que je visitais. Il s’agissait pour moi de capter des fragments de paysages, comme si je pouvais saisir certaines relations qui les réunissent. J’ai une série de photos prises dans le Château de Chenonceau, en France. Il y en a une en particulier que je regarde souvent.  Elle donne sur le Cher; l’extrémité des grilles qui protègent la fenêtre de la Chambre de Catherine de Médicis est recouverte de rouille. Rien de plus curieux que d’observer, par suite de l’action du temps, la progressive détérioration du métal de la grille ouvragée qui s’interpose entre un regard et l’eau du front transparent de la rivière.

Mon appartement est situé dans la ville haute de Salvador de Bahia; au sixième étage; il a cinq fenêtres. Trois donnent sur une rue dont le nom, 7 septembre, est la date de l’indépendance du pays. C’est le côté du lever du soleil. On y voit des immeubles et une frange de l’Atlantique à l’horizon, là où chaque journée se renouvelle continuellement. De ce côté-là, la ventilation tempère le logement  et fait tournoyer tous les objets légers qu’on néglige sur les commodes.

De l’autre côté, j’ai deux fenêtres qui donnent sur la Baie de Tous les Saints. Celle-ci est circulaire, abrite 54 îles, dont la plus grande se trouve devant la ville (36 km), la plus proche du continent, à l’opposé de la ville. Le crépuscule donne l’impression que le soleil se couche sur la mer. C’est le côté de la chaleur, où l’air ne circule que pendant les mois d’hiver, en juillet et août. Il faut savoir que, sous les tropiques, le côté du crépuscule, en été, est brûlant. Le soleil tape fort tous les après-midis et la chaleur sévit jusqu’à l’aube.

Une fenêtre pour moi, c’est comme une demi-porte. À l’origine le mot fenestre évoque le passage, et c’est bien une traversée par le regard qui nous mène bien au-delà du cadre de notre logement, voire même de notre monde intérieur.

La fenêtre s’apparente parfois à une page-écran. Du côté de la rue, j’assiste aux défilés de toutes les fêtes de la ville. Une masse multicolore monte et déferle comme l’ondoiement dynamique d’un paysage. Le confinement me fait voir, toutefois, une rue déserte, par où passe, de temps en temps, un fou qui brise le silence en s’égosillant, hurlant son malaise d’être au monde. Cela donne bien une sensation d’attente en solitaire, une attente bien désespérée de ce qui a pu disparaître.

Je m’en vais de l’autre côté. La baie a toujours été piquetée de bateaux et de yachts laissant sur l’eau les traînées droites ou sinueuses de leur va-et-vient. Au coucher du soleil, on entend les sirènes des bateaux de croisière qui appareillent; pendant la nuit les cargos restent allumés comme s’ils étaient des bijoux apposés sur un miroir noir, jusqu’à ce que le clair de la lune étende son satin blanc servant de lice de création aux chants joyeux s’échappant des bars éparpillés autour de la baie. Les rêveurs sur une telle fenêtre notent le jeu des sonorités et la souplesse des rythmes des foules qui traversent continuellement de la ville vers l’île d’Itaparica (ceinture de pierres en langue amérindienne). C’est un bercement qui engendre mille joies, installant les êtres au cœur d’un éternel loisir.

Avec le confinement, cependant, par la fenêtre la vue plonge sur une baie quasi morte, dépouillée de ses bijoux lumineux, la tête courbée devant la menace de mort. Comment mieux dire que l’intuition rêveuse liée à cette fenêtre persiste en dépit des circonstances adverses? Les autorités interdisent les traversées et embarrassent les rêveries, mais l’imagination créatrice est en travail : c’est elle qui doit apporter à mon embrasure son lot d’impressions vivantes. Il faut donc qu’à chaque nouveau point de vue naisse un nouveau chemin, et que chaque chemin soit à même de remporter ses victoires symboliques. Le voyage vers l’absence épuise à cause des bouleversements sensibles qu’il provoque, mais rend l’individu attentif à ce qui pourrait se présenter comme des expériences de non-être.

On souffre du plaisir du passé et on ressent un plaisir en souffrant de ce manque du passé. Il y a alors coexistence d’une présence et d’une absence, d’une souffrance et d’un plaisir, ce que les Portugais ont  désigné sous le nom de saudade.  Certains disent qu’il est malaisé de comprendre ce sentiment lusitanien, mais je peux le  ressentir,  quand je suis à ma fenêtre.  Je suis malheureuse d’avoir été heureuse, et  je suis pourtant heureuse de pouvoir me remémorer ce bonheur passé, et être ravie de combler l’absence du présent par les images intérieures d’une expérience de vie si intense.


https://auretourduflaneurlesfenetres.wordpress.com/2020/07/01/la-baie-de-tous-les-reves/

LIVES DE NARRADORES DO SERTãO





htt





domingo, 14 de junho de 2020

LIVES EM TEMPO DE PANDEMIA