sexta-feira, 8 de abril de 2016

Au revoir, Renée!


sexta-feira, 8 de abril de 2016

Au revoir, Renée!

Ce dimanche, le 3 avril 2016, a été très triste. Mon amie Renée Legris nous a quittés. Nous avons été très proches pendant trente ans; une proximité qui a commencé sur le plan académique ( elle a été ma codirectrice de thèse), et a conduit à une amitié solide me remplissant de bonheur.

Même séparées par l’océan, nous avons maintenu une correspondance constante à travers laquelle je suivais ses joies intellectuelles et familiales, ainsi que ses tristesses face aux deuils qu’elle a traversés. Elle suivait de même mes différents vécus, en me motivant toujours à poursuivre mes projets les plus chers. Je me suis habituée à faire des plans en pensant aux opinions qu’elle allait en émettre. Le départ de Renée peut être une perte non seulement pour moi, mais aussi pour le Québec et le Canada. Elle a publié plusieurs ouvrages et articles sur les dramatiques à la radio et à la télévision.

Elle a constitué, avec Pierre Pagé son époux, la collection microfilmée Archives de la littérature radiophonique québécoise. Réalisatrice et animatrice d'émissions culturelles à CIRA-FM 91,3 de 1995 à 2001 (auxquelles j'ai participé), elle a publié en 2004 " Hubert Aquin et la radio". Son ouvrage "Histoire des genres dramatiques à la radio québécoise" conclut une longue recherche sur la création radiophonique d'oeuvres théâtrales au Québec. Elle a déjà présidé la Association for the Study of Canadian Radio and Television avec la revue Fréquence/Frequency à laquelle j’ai collaboré. Et elle aussi collaborait à nos revues brésiliennes avec des articles toujours originaux sur les dramatiques. 

L’absence corporelle de Renée, la suspension de nos conversations in praesentia, nous oblige à briser des habitudes, à réinventer une sémiose des relations qui travaillera avec la mémoire de nos vécus. La mémoire, on le sait, compense l’absence physique par les souvenirs. Elle fonctionne comme un réservoir d’échos sensibles qui permet les combinaisons de sens et pensées. Nous savons également que les combinaisons éventuelles de parties de ces souvenirs ne viseront pas seulement le passé, mais elles seront capables d’articuler de nouveaux montages de sens menant aux voyages imaginaires en direction de l’avenir. C’est de cette manière que les absents peuvent être toujours près de nous. Le cheminement dans les méandres de la mémoire, dans les croisées de notre histoire individuelle et collective, demande une méthode de consultation régulière à tout l’ensemble d’expériences vécues.

C’est le moment où la saudade transforme la douleur en souvenirs vivants et créatifs. La larme la plus belle est celle de la saudade : mot portugais qui évoque un sentiment de nostalgie toute particulière que les Portugais ont transmise aux Brésiliens. C’est la présence d’un passé dans le présent, qui fait du bien et qui fait du mal à la fois. Il faut être courageux pour se remémorer le passé concret perdu, le montrer du doigt, l’affronter, et le rendre producteur de relations. Renée était une femme d'une dimension humaine indescriptible. De l'Université du Québec , j'ai eu un légat académique important, mais le plus précieux c'est d'avoir eu la chance de développer une amitié profonde avec mes professeures et mes collègues avec une interaction humaine fondamentale pour ma croissance comme personne. La communication constante avec Renée commence à me manquer, mais cela devient saudade et ennoblit mon âme.
Licia Soares de Souza Web Developer

Nenhum comentário:

Postar um comentário