87ème Congrès de l’ACFAS
Université du Québec
à Outaouais
Mai 2019
Introduction
Le Colloque a commencé à 9h du 27 mai dans le cadre du 87ème Congrès
International de l’ACFAS, à l’Université du Québec à Outaouais. Après le mot
d’ouverture, quand les organisatrices ont souhaité la bienvenue aux
participants, les séances de communication ont commencé, selon le programme
ci-joint. Comme nous pouvons le voir, le colloque a regroupé des
chercheurs des universités du Québec, et aussi de
l’Europe, Turquie et Brésil.
J’ai prononcé ma communication
intitulée Montréal et Salvador dans la dynamique narrative de Monique
Proulx et Inês Pedrosa. Cette
communication examine comment deux écrivaines, l’une du Québec, l’autre du
Portugal/Brésil, collaborent à la féminisation de la littérature contemporaine
par le prisme de leurs réflexions sur certains déplacements
historico-symboliques, tout en mettant en lumière le formidable réseau de
savoirs qui circulent dans ces espaces du continent américain depuis la colonisation.
La première écrivaine que nous présentons est Monique Proulx. Native du Québec, elle a obtenu un baccalauréat en
littérature et en théâtre de l’Université Laval. Devenue professeur de français
et animatrice de théâtre, elle s’est orientée plus intensivement vers
l’écriture. Sa première publication est un recueil de nouvelles intitulé
« Sans cœur et sans reproche » (1983). En 1996, elle a signé un
deuxième recueil de nouvelles : « Les Aurores montréales ». Elle est
également l’auteur de romans comme « Le Sexe des étoiles » (1987),
qui est adapté au cinéma. Elle a été honorée à maintes reprises pour ses
œuvres, notamment « Sans cœur et sans reproche » pour laquelle elle a
reçu en 1983 le prix Adrienne-Choquette et le prix littéraire Desjardins. J’ai
travaillé sur son dernier roman Ce
qu’il reste de moi, de 2015.
La deuxième écrivaine est Inês Pedrosa,
d’origine portugaise, qui a obtenu une licence en communication à l’Université
Nouvelle de Lisbonne. Journaliste et auteure de plusieurs récits pour enfants,
et de chroniques féministes, elle a milité contre la criminalisation de
l’avortement et pour le mariage de personnes du même sexe. Elle a été la
leadeuse de la Marche de la fierté Gay em 2005, à Lisbonne. En 2008, elle a
publié le roman A Eternidade e o Desejo
(L’Éternité et le Désir) qui se
déroule dans la ville de Salvador, première capitale du Brésil, qu’elle avait
visitée quelques années auparavant.
Proulx et Pedrosa abordent un
imaginaire de mouvance, tout en mettant en évidence une multiplicité de trajectoires qui fonctionnent
comme des connexions contradictoires, souvent inespérées, et des croisements de
narratives formant des espaces toujours en conflit. Elles soulignent
l’instabilité des formations sociales, grâce à l’asymétrie entre l’imaginaire
culturel et la mobilité des réseaux historiques. Elles font ressortir, de la
sorte, les ambivalences des écritures des mouvements migrants qui ont marqué
les métissages issus des rencontres différenciées sur les territoires des
Amériques.
Dans Ce qu’il reste de moi, Proulx entend montrer
plusieurs visages de Montréal comme espace urbain particulier du Nouveau Monde.
Elle évoque les récits de Jeanne Mance au sujet de son projet de la
« Folle Entreprise », entre
1642 et 1665, qui aurait des
influences sur les récits actuels sur le
Montréal contemporain qui pourrait être un reflet de ce projet du temps de la
Nouvelle France. Celui-ci repose sur un
rêve qui profile le Nouveau Continent : avec le soutien de grands
donateurs privés, ils érigeraient une
ville « mixte », au sein de laquelle les Européens immigrés et les
Amérindiens devenus chrétiens vivraient ensemble, dans un climat d’harmonie et
de solidarité. Proulx déclare qu’un tel projet de cohabitation harmonieuse n’a
jamais été mis en œuvre, mais il a nourri pendant des siècles une
représentation dans l’esprit des Montréalais. Celle de la construction d’une
cité où ses nouveaux habitants, les immigrants venus des quatre coins du monde,
trouveraient un espace idéal d’accueil pour vivre en communion avec les natifs.
Pedrosa crée, d’un autre côté,
la personnage Clara qui projette les points de vue du Père Antonio Vieira sur
l’espace qu’elle traverse. Ce jésuite, célébré par l’immense poète Fernando
Pessoa « Empereur de la prose portugaise », a peu à peu développé,
d’abord auprès de correspondants ecclésiastiques, puis dans différents
ouvrages, une interprétation renouvelée du mythe sébastianiste (et des prophéties de Bandarra), dans laquelle il annonce l’avènement futur
d’un Quint-Empire (Cinquième
Empire) universel dominé par le Portugal sous l’inspiration du Saint-Esprit, après la résurrection du roi Jean IV.
Cet Empire fonctionnerait comme la Folle Entreprise de Jeanne Mance : à
savoir une perspective d’union harmonieuse entre les colons et les Amérindiens.
Vieira avait une autre perception de ces derniers. Il ne ménage pas ses
critiques au régime de l’esclavage africain, tout en faisant part d’idées
neuves sur la Compagnie de Commerce entre le Portugal et le Brésil.
Au fond, la structure narrative des deux romans suit un
cheminement similaire. La narrativité se fait transmission, les jeux de voix et
les métissages des langages parviennent à révéler une réalité complexe, qui
permet l’interculturel, mais pointe les difficultés d’intégration des cultures
différenciées encore présentes dans les sociétés visées. Salvador,
première capitale du Brésil, bâtie avec la sueur des esclaves, continue
d’affronter des problèmes d’exclusion sociale. Quelques centaines
d’années plus tard, Ville-Marie - devenue Montréal - abrite des hommes et des
femmes qui se battent, chacun à sa façon, pour redresser les fortifications
d’une vie en proie à diverses vicissitudes, mais rencontre également des
problèmes d’exclusion/inclusion. C’est ainsi que ces écrivaines, Proulx et
Pedrosa donnent vie à une dynamique de l’imaginaire, une activité d’interaction
entre des confluences dialogiques spécifiques. Elles montrent comment la
fiction fait jouer les figures renouvelées de certaines utopies du Nouveau
Monde dans les textes littéraires, textes qui témoignent d’une puissante
facture féminine pour porter un regard neuf sur l’histoire.
Échanges
Nous voyons que mes activités de recherche sont notamment
basées sur les collaborations pluridisciplinaires que j’ai développées depuis
le début de ma carrière. J’ai beaucoup privilégié les études comparées, au sein
des réflexions des études interaméricaines. Les collaborations
interdisciplinaires mises en place depuis quelques années commencent à porter
leur fruit et notamment sous forme de réseau de recherche, ce qui permettent de
faire connaitre nos travaux à travers le monde. Et surtout au sein du réseau de
québécistes de l’AIEQ. En mai, j’ai participé également à l’Assemblée Générale
de l’AIEQ et à la réunion du Conseil d’Administration.
Ma liste de
publications compte actuellement plusieurs articles et livres sur les relations Canada/Brésil et sur la
Géopoétique de Montréal. J’ai co-encadré deux thèses en cotutelle avec
l’Université Fédérale de Bahia et la Sorbonne, portant sur l’identité juive au
Brésil et au Québec à travers l’œuvre de Régine Robin en comparaison avec des
écrivains brésiliens. J’ai participé à plusieurs jurys de maitrise et doctorat
en études canadiennes, au Brésil, ou en études brésiliennes , au Québec.
Impact et
retombées. Un projet novateur et
pertinent qui rayonne.
La thématique du
Colloque innove, en ce qu’elle met en place des réflexions sur la production
féminine qui a toujours été marginalisée. Caroline Ferrer et ses étudiantes ont
présenté les bases de la méthode de la criticométrie, destinée à exposer
la participation des écrivaines dans la sphère interaméricaine. Dès la fin de la guerre froide, à l’ère de la
mondialisation, nous observons le surgissement de plusieurs voix féminines qui
essayent d’affleurer dans le monde littéraire, dominé encore para les
écrivains.
Notre projet suscite l’intérêt de
plusieurs autres chercheurs qui aimeraient y participer l’année prochaine, à
l’Université de Sherbrooke. Nous allons publier les Actes du Colloque dans une
revue savante du programme d’études avancées de l’Université de Bahia : Pontos
de Interrogação. Nous commençons
déjà à recevoir des textes de chercheurs qui n’ont pas participé au colloque,
mais qui aimeraient collaborer au volume spécial sur les Écrivaines et la
Mondialisation.
Le programme de notre colloque
témoigne de notre rayonnement international.
Attestation
Programme
Écrivaines et mondialisation
Le lundi 27 mai 2019
Dès la fin de la guerre froide, nous observons le
surgissement d’un nouvel ordre géopolitique : la mondialisation (Dirlik,
2007; Freitag, 2008; Gélinas, 2000; Lewellen, 2002; Sassen, 2009). Ce
changement entraîne aussi des métamorphoses culturelles, telles que la fin
du postmodernisme, événement confirmé au début du 21e siècle (Hutcheon,
2002; Hassan, 2003; Ferrer, 2010). Pendant la même période, nous constatons
que, du point de vue des études littéraires, de nombreux théoriciens se
penchent de nouveau sur le concept de littérature mondiale (Casanova,
1999; Prendergast, 2004; Damrosch, 2003, 2011, 2014; Miller...Lire la suite »
Remerciements
L'organisation de ce colloque est financée par le
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Colloque
Section 300 - Lettres,
arts et sciences humaines
Responsables
UQAM - Université du Québec à Montréal
UQAM - Université du Québec à Montréal
UQAM - Université du Québec à Montréal
Ajouter à mon horaire
10 h 00 à 12 h 00
Communications orales
Dialogues transculturels au féminin
Présidence/Animation : Roxane Maiorana (UQAM - Université du
Québec à Montréal)
Batiment : UQO
A.-Taché
Local :
A0108
10 h 00
Mot de bienvenue
10 h 20
Éthique de la rencontre et pensée décoloniale : écrivaines amérindiennes et
subsahariennes
10 h 40
Féminins nihilistes et résistance : le parler-pute
Sabrina Clermont-Letendre (UQAM - Université
du Québec à Montréal)
11 h 00
Échanges transculturels chez Monique Proulx et Inês Pedrosa
Licia SOARES DE SOUZA (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
11 h 20
La place des écrivaines autochtones dans la littérature mondiale
Rita Olivieri-Godet (Université Rennes 2, France)
11 h 40
Période de questions
12 h 00 à 13 h 00
Dîner
Dîner
Batiment : UQO A.-Taché
Local : A0108
13 h 00 à 14 h 15
Communications orales
Figures européennes
Présidence/Animation : Silvia Sosa (UQAM - Université du
Québec à Montréal)
Batiment : UQO
A.-Taché
Local :
A0108
13 h 00
L’avènement du féminisme en Turquie : Duygu Asena sur les pas de Simone de
Beauvoir
Eylem AKSOY ALP (Université Hacettepe)
13 h 20
La réception mondiale de L’Amie prodigieuse : un état des lieux
Mallory Trocadero (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
13 h 40
La place des femmes dans la littérature italienne des années 1900 à nos
jours
Rémi Chiasson-Villeneuve (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
14 h 00
Période de questions
14 h 15
Pause
14 h 30 à 16 h 10
Communications orales
Minorités (in)visibles
Présidence/Animation : Rémi Chiasson-Villeneuve (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
Batiment : UQO
A.-Taché
Local :
A0108
14 h 30
Littérature mineure aux États-Unis : le cas des écrivaines dites
"Hispanics"
Roxane Maiorana (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
14 h 50
Les rôles de Victoria Ocampo et de Silvina Ocampo dans la littérature
argentine
Silvia Sosa (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
15 h 10
Cartographie de la littérature mondiale au féminin
Carolina Ferrer (UQAM -
Université du Québec à Montréal)
15 h 30
Période de questions
15 h 45
Mot de clôture
Quelques photos
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